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Dans un monde où le rap ne cesse d’évoluer et de devenir plus populaire, ce style de musique ne fait pourtant pas l’unanimité. En effet, on remarque que certaines personnes et en majorité des adultes, ne parviennent pas à s’adapter et à apprécier cette musicalité particulière et ces paroles parfois tranchantes. Nous avons donc cherché à comprendre pourquoi le rap est si peu populaire auprès des adultes en interviewant différentes personnes dans les rues de Rouen.

L’argument qui revient le plus souvent est le fait que ce type de musique “n’est pas de la génération des adultes”, donc ils ne parviennent pas à s’identifier au rap surtout en ce qui concerne les personnes de plus de 50 ans. Certains adolescents ont tenté de faire écouter des artistes tels que Kaaris ou Freeze Corleone à leurs parents et grands-parents, mais la vulgarité des rappeurs est un frein aux yeux des adultes. Cette agressivité irait à l’encontre de l’objectif de la musique : se détendre, se vider la tête, principale raison pour laquelle les adultes écoutent de la musique. Ensuite, les générations nées dans les années 60 et auparavant considèrent que les paroles sont vraiment insipides, provocatrices. Certains rappeurs tiennent en effet des propos racistes ou misogynes qui insultent certaines communautés. Ce manque de respect ponctuel et cette violence n’ont, d’après les adultes, pas leur place dans la musique. De plus, le rap est l’un des seuls type de musique où l’on ne chante pas, ce qui nécessite une adaptation et qui pousse à se pencher d’autant plus sur les paroles. Finalement, Marie femme de 60 ans accompagnée par son petit-fils, nous explique qu’elle déteste le rap car l’instrumentale semble être toujours la même, ce qu'ellles qualifient de "très répétitives et ennuyeuses".

Malgré toutes ces critiques du rap venant des adultes, nous avons aussi rencontré des personnes qui appréciaient certains artistes actuels ou qui n’étaient pas fermés à l’idée d’en découvrir. Certains comme Damien, 43 ans sont influencés par ce qu’écoutent leurs enfants et vont donc apprécier le rap de Bigflo et Oli ou de Jul. Il faut aussi se rappeler que le rap étant né dans les années 70, certains adultes ont bien connu les artistes prédécesseurs tels que MC Solaar, Diam’s ou Eminem : le rap est donc aussi de leur génération. En ce qui concerne les sujets abordés ou la vulgarité des paroles, ces remarques sont dues à une généralisation du rap puisque tous les rappeurs n’ont pas recours aux insultes ou à des sujets ennuyeux dans leurs chansons. Les adolescents et jeunes adultes affirment que des artistes tels que Nekfeu ou Népal seraient peut-être plus adaptés pour les générations précédentes. Anne, mère de deux filles, affirme d’ailleurs qu’elle apprécie Lomepal en tant que rappeur. Le rap conscient est aussi une bonne alternative au rap très commercial pour écouter des paroles engagées. En ce qui concerne la musique qui est toujours la même, il s’agit ici d’une généralité mais le duo Changerz constitue un bon contre exemple à cette idée et ne représente qu’un exemple parmi tant d’autres. 

Autrement dit, le rap est en soit un musique adaptée pour un large éventail de personnes, quel que soit l’âge, l’origine sociale, le sexe ou la couleur de peau puisque les rappeurs ne ressemblent pas tous, il y en a forcément un adapté pour chacun d’entre nous. La musique n’est pas seulement une question de génération car on constate qu’aujourd’hui des adolescents écoutent de la musique des années 80, voire 60.  Les personnes plus âgées ne recevront pas le rap de la même manière que les plus jeunes car cela demande de s’ouvrir et de s’adapter à ce style de musique particulier et l’identification au rap reste tout de même compliquée pour eux. Toutefois, un peu de curiosité et d’ouverture de la part des adultes ne peut pas leur faire de mal. Ainsi, ils comprendraient mieux comment le rap utilise un langage tranchant et parfois poétique pour diffuser des messages importants et transmettre de fortes émotions. 

Romane, rédactrice d’Inflow