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Alors que cette thèse est défendue dans les médias par de nombreux «intellectuels», cette question interroge néanmoins sur la légitimité accordée au rap dans notre société. Aujourd’hui, le rap est le genre musical le plus écouté en France, mais souffre pourtant d’un cruel manque de représentation et de considération dans les médias traditionnels. Et même si les choses sont en train de changer, de nombreuses personnalités publiques continuent d’affirmer que le rap n’est bon qu’à détruire la langue française, et est ainsi perçu comme un moyen de plus d’atteindre à la culture française. Cette idée, principalement défendue par des acteurs politiques ou autres «intellectuels» inscris dans la mouvance d'extrême droite, trouve évidemment sa source dans le contexte social dans lequel se trouve le rap.

Les origines du rap, style qui a émergé dans les «cités», lieux regroupant des classes populaires principalement issues de l’immigration, font de lui un parfait candidat que les opposants à l’immigration n’hésitent pas à critiquer. Son importance pour ces populations, et le fait que cette musique permette à n’importe qui de s’élever socialement et de s’accomplir, mais surtout de dénoncer et se libérer de ses conditions de vie, déplaît forcément aux défenseurs un peu trop extrêmes de l’identité nationale. Mais ce ne sont pas les seuls partisans de cette thèse. Pour certains linguistes, la liberté dont se munissent les rappeurs pour écrire leurs textes, en mélangeant de l’argo et des mots issus d’autres langues, est un véritable poison pour la langue française. Et l’artiste qui fait le plus polémique à ce sujet est sans nul doute Wejdene. On retrouve, dans sa chanson «Anissa», la phrase qui cristallise toute cette idéologie, «Et tu hors de ma vue». Certes, c’est grammaticalement faux, mais le message reste facilement identifiable, et le sens en est même renforcé. Cette faute n’est donc pas fondamentalement grave, et c’est encore moins un «poignard dans le cœur de la langue française», comme certains ont pu le dire. Pourtant, elle a relancé pour encore longtemps le débat autour du rap.
Si le langage utilisé par certains rappeurs fait polémique, il permet au contraire d’enrichir la langue française. Le rap, par les nouveaux mots qu’il apporte, permet de faire évoluer la langue française, et contribue à son renouvellement constant. Quant à la légitimité que le rap possède pour participer à cette évolution,  elle relève avant tout d’un combat idéologique que linguistique. On peut par exemple noter que quand Renaud faisait exprès de faire des fautes d’orthographes et de syntaxes, il était vivement critiqué, mais que aujourd’hui ses chansons font autorités dans le patrimoine de la musique française. Il n’y a donc en réalité pas de discussion possible sur le fait que le rap détruirait la langue française, et ce débat n’est en réalité qu’un support aux idées d’extrême droite. Cette situation est heureusement en train d’évoluer, ce qui laisse penser que, peut être un jour, le rap sera reconnu à sa juste valeur par les «intellectuels» médiatisés.  

Raphaël, rédacteur d'Inflow